Appel de Poitiers

Face au dictat du gouvernement, une mobilisation exemplaire a peu à peu pris forme, en particulier à l’Université de Poitiers, qui fait aujourd’hui référence dans l’ensemble du pays. Les divisions entre groupes et courants concurrents n’y ont pas droit d’entrée. La démocratie y règne en maître. Et dans les débats qui s’organisent entre manifestations de masse et actions « coup de poing », s’ébauche une réflexion sur des alternatives au modèle éducatif et au modèle social dominants. De la réussite de ce mouvement dépend notre capacité à engager une contre-offensive contre les politiques ultra-libérales.

Les organisations syndicales ont une responsabilité majeure dans cette période, pour engager les salariés à agir aux côtés de la jeunesse. Assez de tergiversations, assez de divisions ! La question est simple : comment la mobilisation interprofessionnelle peut-elle aider à la réussite du mouvement des lycéens et des étudiants ? Et réciproquement. Accord sur les calendriers d’action, solidarité financière, reconnaissance des représentants dont s’est doté le mouvement : tout doit être mis en oeuvre pour faire converger les forces actuellement dans l’action.

Les organisations politiques ont aussi leur rôle à jouer. En se positionnant clairement sur l’ensemble des revendications de la jeunesse et en faisant figurer dans les programmes des candidats et des partis le refus de toutes formes de précarisation du travail. En respectant l’autonomie de ce mouvement et en encourageant l’entrée dans l’action de l’ensemble des citoyens. Face à une génération qui redécouvre et réinvente la politique à sa façon, rien ne serait pire que de jouer les spectateurs « avertis » et de spéculer sur d’hypothétiques retombées électorales. C’est maintenant, jour de lutte après jour de lutte, que se gagne la reconquête des esprits et des institutions.

Mais la réussite de ce mouvement dépend aussi de chacun d’entre nous. En participant aux manifestations, aux débats et aux différentes initiatives organisés quotidiennement depuis des semaines, nous avons la possibilité de montrer concrètement notre engagement et notre solidarité. En intervenant dans notre voisinage, sur notre lieu de travail et dans chacune des organisations dont nous sommes membres, nous pouvons, chacun où nous sommes, agir pour l’extension de cette insurrection démocratique. C’est le moment, il ne faut plus attendre.